Une Saint Valentin pas comme les autres

Vendredi 14 février au matin, nous avions rdv à l'hôpital M-R pour un "dernier" contrôle obstétrique et planifier la fin de la grossesse car bébé commençait à approcher de la date de péremption . Bon, en fait c'est le placenta qui pouvait montrer des signes de vieillesse. Alors avec le Dr Lemieux (et sans mauvais jeu de mots, c'est la meilleure que j'ai pu rencontrer durant mon suivi à l'hôpital), nous avions donc prévu une nouvelle écho le lundi suivant (le 17) et si bébé n'était toujours pas décidé à se montrer, on déclenchait le 21 (ça t'aurait plu ma Popo !!!). Mais ça ... c'était sans compter sur le 3ème stripping de ma chère obstétricienne ! Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un décollement des membranes (poche des eaux) à l'entrée de l'utérus. C'est sensé provoquer l'accouchement, sauf que les deux premiers n'avaient eu aucun effet les semaines précédentes ... alors pour cette fois, je ne me faisais pas d'illusions.

Bref, 10h du matin, nous voilà sortis de l'hôpital et pour fêter ce nouveau plan de naissance, nous sommes allés prendre un bon café bien chaud chez Van Houtte, avant que Pierre parte pour une journée de travail et moi ... une séance de magasinage en centre-ville.

11h, on se quitte en se souhaitant une belle journée et on promet de s'appeler dans l'après-midi pour prendre de nos nouvelles respectives. Moi je rejoins un de mes magasins préférés à Montréal  : DeSerres. Le temple des arts créatifs !!! Oui mais voilà, au bout de 10 petites minutes à me tâter sur les blocs de pâte fimo que je pourrais acheter pour débuter mon apprentissage, j'ai comme un pressentiment que quelque chose ne va pas comme d'habitude. Pas de douleur, ni de perte des eaux ... mais une impression que quelques chose se trame en moi.

Sur ce, je ne joue pas les guerrières, et je décide de rentrer tranquillement à la maison, à 2 stations de métro de là. Dehors, il fait doux, il neige ... c'est une journée à regarder un bon film sous une couverture douillette, une grosse tasse de chocolat chaud à la main.

Rentrée à la maison, je mange les derniers makis qui restent de la veille, et puis comme Gaëlle me l'a conseillé, je rajoute une bonne couche de wasabi. Si ça peut aider bébé à venir ... ça plus le stripping, j'aurais une chance d'être délivrée de mon corps de baleine avant la fin du week-end !!!

Et bien bingo ... midi et demi, l'heure où tout a commencé : contractions aux 10 à 5 minutes, non douloureuses mais qui durent 30 secondes déjà chacune. Ok ... j'ai déjà eu ça les dernières semaines donc pas de précipitations ni de sauts de joie dans tout l'appart' ... on va attendre de voir si bébé a vraiment décidé de sortir aujourd'hui.

15h30 : toujours ces fameuses contractions, toujours pas douloureuses mais toujours aussi fréquentes. Je décide de prendre un bain, histoire de voir si ça se calme ou pas ... bonne idée Océane !

16h : les contractions s'intensifient, deviennent douloureuses et sortir de la baignoire c'est comme devoir sauter en Fosbury pour la 1ère fois, on évalue la hauteur du rebord, on se demande de quel côté on va se tordre pour parvenir à hisser cette bedaine hors de l'eau, tout ça entre deux crampes au ventre ! Allez un, deux, trois, véritable épreuve mais c'est bon.

Je décide d'appeler Pierre pour lui dire que cette fois-ci ça semble être la bonne et qu'il ferait bien de ramener ses fesses rapidement s'il ne veut pas que j'accouche dans le salon ! Les contractions sont aux 2 à 5 min, et sont de plus en plus fortes, durent quasiment une minute à chaque fois. ça laisse peu de répit. Je parviens à boucler ma valise en attendant l'arrivée de Pierre (qui doit encore terminer la sienne ... mais oui on a toujours le temps de faire ça, surtout rendus à 41 semaines de grossesse).

Et puis vient le moment où il faut mettre en application les cours de yoga prénatal ! Donc je sors mes petits polycopiés et c'est parti pour les positions "sensées" te soulager. Sauf qu'on a eu beau les faire en cours, les réviser plusieurs fois à la maison bah le jour -j, tu ne connais plus rien, tu essaies juste de respirer profondément en pensant à un endroit de rêve où tu aimerais être en ce moment (moi c'était la petite plage paradisiaque de Ko Phangan : le soleil, la mer, les poissons multicolores ...). Mais avec un peu de persévérance, je parviens à me détendre.

Pierre rentre et est aux petits soins pour moi alors que je suis d'une humeur plus que massacrante. Du coup il appelle le service des naissances de l'hôpital pour les prévenir de notre probable arrivée d'ici quelques heures et avoir quelques conseils pour appréhender au mieux ce dur moment ! Résultat des courses, je dois reprendre un bain, boire 1 litre d'eau, manger un peu pour prendre des forces et rappeler si besoin.

17h30 : j'ai pris un bain, j'ai bu mon litre d'eau et j'ai essayé de manger mes raviolis mais ça ne passe pas, trop mal pour avaler quoique ce soit. On rappelle l'hôpital et maintenant que je suis rendue aux 2 à 3 minutes, il est temps de réserver un taxi et de se rendre là-bas.

18h10 : le taxi est là, le monsieur est très compréhensif et roule doucement sur les routes défoncées de Montréal où chaque nid de poule pourrait amplifier la douleur.

18h45 : arrivée à l'hôpital, une gentille dame qui travaille là réserve un ascenseur pour moi car je suis pliée en deux dans le couloir d'accès.

19h : prise en charge par le service des naissances, au triage. On nous installe dans la salle d'examen, on donne tous les papiers nécessaires pour faire monter mon dossier des archives au 7è étage. L'infirmière m'examine au bout d'une demi-heure, j'ai mal à broyer la main de Pierre mais je ne suis dilatée qu'à 3. Mon commentaire à ce moment : "seulement, mais j'ai eu super mal déjà, vous ne me renvoyez pas chez moi hein !?!". Pas possible psychologiquement de rentrer à la maison, c'est aujourd'hui ou jamais, je ne veux pas avoir mal comme ça une autre fois, il faut que bébé sorte.

Du coup je me concentre sur ma respiration, je visualise la place, les vagues, je flotte ... youpi je suis au nirvana !!! enfin pas vraiment, toujours au triage, avec un autre couple derrière le rideau (oui c'est old school ici les hôpitaux !) qui m'entend gémir de douleur, blasphémer des insultes gratuitement (p***** de m****), ce n'était adressé à personne mais ça faisait du bien !!!

Au final ça fonctionne plutôt pas mal, car à 20h je suis parvenue à 5 + presque 6. Je suis fière de moi, en à peine une heure de temps !!! Comme j'ai toujours très mal, l'infirmière me demande ce que je veux pour gérer la douleur. "la péridurale s'il vous plait" !!!! Adieu ma volonté de guerrière à vouloir gérer l'accouchement de la manière la plus naturelle possible, tant pis pour la fierté, mais là ce n'est plus possible.

Du coup on nous installe en salle d'accouchement, (enfin tous les deux), et on me fait les prises de sang avant d'appeler l'anesthésiste qui doit me poser la péri. C'est assez flippant car je ne l'ai jamais rencontré avant, et quand on sait que j'ai une scoliose de malade, on peut imaginer que je n'étais pas très sereine non plus à l'idée de recevoir ce petit cathéter dans ma colonne.

21h : après plusieurs essais, la stagiaire anesthésiste parvient à me poser la péri ... mais je me rends vite compte que je ne suis gelée que du côté gauche, à droite tout est normal ... je ressens tout ! Et merde !!!

21h10 : Dr Lemieux, que je suis contente de retrouver pour sa nuit de garde, nous rejoint et perce la poche. Il faut que j'attende encore 30 minutes si possible, car je ne suis qu'à 8 et l'heure de la poussée n'est pas encore venue !

21h30 : je ne tiens plus, il faut vraiment que je pousse, je ne peux retenir ce petit bébé qui se presse maintenant pour arriver ! Ni une ni deux, on rappelle l'équipe et après dernier exam, je suis à 10+, je suis autorisée à pousser ! Heureusement !!! Après 3 contractions, c'est bon Basile est parmi nous et nos visages sont inondés de larmes de bonheur ... à nous la nouvelle vie à trois.